dimanche 23 avril 2017

Critique : benoit hamon - pour la génération qui vient (2017)

Sur le site internet de sa campagne, Benoit Hamon présente son programme sous la forme de petits textes. C'est assez fouillis, il faut cliquer sans arrêt, moi je ne m'y suis pas retrouvé. Heureusement il a sorti un livre. On peut le lire d'une traite, de A à Z. C'est donc simple et même assez moderne dans la forme : pas d'intro ni de conclusion et surtout les chapitres sont courts et n'ont pas de titre ! En fait cet essai se rapproche plus d'un discours fleuve. Benoit Hamon n'étant pas le candidat le plus éloquent, l'écrit remplace avantageusement l'oral. Cette centaine de pages restent accessibles tout en s'adressant à un public assez cultivé. Les références et citations sont très nombreuses sans pour autant tomber dans le name-dropping. Encore une fois ce sont les idées qui priment. Elles sont bien exprimées, dans un style qui reste vivant voire même vibrant. A condition que vous ayez une sensibilité de gauche bien sûr ! J'ai préféré la première partie, sur la politique et l'économie. L'auteur s'appuie par exemple sur l'économiste Daniel Cohen pour expliquer d'une manière limpide comment l'automatisation entraîne des gains de productivité et ainsi une concentration du capital dans les mains des possédants. La redistribution n'étant plus assurée par les salaires, il faudra qu'elle se fasse via une « taxe robot » défendue par Bill Gates notamment. C'est sans doute influencé par la sociologue Dominique Méda que Benoit Hamon propose une nouvelle vision de l'emploi. Loin de l'obsession de la valeur travail et du plein emploi, l'ancien ministre insiste sur la souffrance qu'il peut générer. Il va même plus loin en critiquant le PIB, la course au profit et le délire consumériste. Sans toutefois être décroissant. Simplement en proposant une croissance durable pour un futur désirable. Les aspects sociétaux sont présentés dans un second temps. Il y a la classique défense des minorités mais aussi des projets beaucoup plus originaux et ambitieux comme la légalisation du cannabis. Au final je dirais que son projet est cohérent, on pourrait le définir d'un terme : écosocialisme.