vendredi 30 décembre 2016

Critique : Michel Onfray - Manifeste hédoniste (2011)


http://www.babelio.com/livres/Onfray-Manifeste-hedoniste/257647



Avec ce livre j'avais deux objectifs. Tout d'abord découvrir la philosophie de Michel Onfray et ensuite réfléchir à la notion d'hédonisme : dois-je céder à tous les plaisirs ou essayer d'y résister ?
Le premier objectif est rempli haut la main. Ce manifeste hédoniste est en effet issue d'une collection qui rassemble divers auteurs, artistes, ou philosophes autour d'une personnalité. Le premier texte est donc signé Onfray. Intitulé « abrégé hédoniste », il s'agit d'un court texte d'une cinquantaine de pages réparti en divers chapitres correspondant à différents domaines (psychologie, éthique, esthétique, érotique, bioéthique et politique) et ne faisant que quelques pages chacun. La maquette est aérée, illustrée et il y a des passages qui sont mis en exergue (en gros et rouge) : parfait pour les amateurs de citations comme moi ! Cette forme légère est donc idéale pour une introduction en douceur à la pensée de Michel Onfray. C'est appréciable car dans le fond, c'est du lourd ! Vous aurez droit à tout un jargon et même à du débat philosophico-philosophique. Il y a beaucoup de mots compliqués, surtout au début. Accrochez-vous car les meilleurs chapitres sont à la fin.

Onfray est souvent présenté comme un philosophe hédoniste (pas épicurien, hein) et c'est vrai que ce principe peut être appliqué à divers sujets. Ce principe c'est tout bêtement le principe des plaisirs et des souffrances, selon lequel il faudrait chercher le plaisir et fuir la souffrance. Ca rappelle aussi le calcul des coûts et des bénéfices, chère aux économistes, ou à la quantité de plaisir et de peine de Jeremy Bentham. Bref, ça fait plus utilitariste qu'hédoniste. Etonnant pour quelqu'un qui critique sans arrêt le libéralisme... D'autant qu'il va jusqu'à proposer une comptabilité des plaisirs : 
« élection et éviction en relation avec la production de plaisir ou de déplaisir ». 
En fait ce qui le différencie des libéraux et fait de lui un libertaire, c'est cet utopisme niais qui lui fait croire que les gens vont gentillement troquer du plaisir de façon équitable et respectueuse. Avec un crédo là encore très simple mais totalement irréaliste : « jouir et faire jouir ». C'est oublier qu'on peut très bien jouir au dépend de l'autre ou sans l'autre. Faire du plaisir une vertu me semble être une grave erreur. Pour moi il s'agit juste de la carotte mise en place par mère nature pour nous faire avancer dans le bon sens, celui de la vie.

Pour un texte sur l'hédonisme je n'ai pas senti beaucoup l'amour de la vie. Michel Onfray semble plus doué pour critiquer. La religion, Freud, les artistocrates, les comités de bio-éthiques... tout le monde en prend pour son grade. Alors je vais vous le dire clairement : je ne trouve pas cet auteur très sympathique et je ne lirais probablement pas de sitôt d'autres de ses bouquins. Ceci dit il y a des choses intéressantes. Le chapitre sur la bio-éthique en particulier m'a beaucoup intéressé.

dimanche 25 décembre 2016

L'idéologie du "Devenir soi"


Selon Jacques Attali, l'Histoire de l'humanité a vu une progression constante de la liberté individuelle, c'est à dire de la liberté de choix. Dans son dernier ouvrage, Devenir soi, il nous explique la teneur de cette idéologie dominante : « A condition de le vouloir vraiment, de prendre le temps d'y réfléchir, il est possible, où que l'on soit, qui que l'on soit, d'apprendre ce que l'on veut apprendre, de choisir librement son apparence, ses amours, sa sexualité, son lieu de vie, sa langue, de trouver et d'assumer qui on est vraiment. Et de refaire tous ces choix plusieurs fois au cours d'une vie, simultanément ou successivement. ». Pour résumer avec les mots de Renata Salecl, auteur de La tyrannie du choix : « l'individu est le maître ultime de sa vie, dont il est libre de déterminer chaque détail ». Dès notre plus jeune âge nous avons été soumis à ces idées, on nous a demandé à tous ce qu'on voulait faire plus tard. Personnellement je n'ai jamais su. Quand j'étais enfant, je me souviens avoir eu un livre constitué intégralement de pages blanches et dont le titre était : Ma vie, mon oeuvre. Je n'ai pas envie de voir ma vie comme un roman qu'il faudrait écrire ou comme une to-do list dont il faudrait cocher les cases. C'est une vision utilitariste, rationaliste, c'est le règne de l'homo economicus.

Les enjeux économiques sont immenses : il y a beaucoup de choses et d'expériences à vendre aux personnes en quête « d'eux-même » tels des ados qui cherchent leur voie, leur look ou leur style musical. C'est une bonne chose pour des banquiers comme Attali que les gens aient des projets, ça permet de leur prêter de l'argent pour qu'ils puissent prendre des cours, acheter du matériel ou voyager... Évidemment nous ne sommes pas égaux face à cette offre pléthorique. Ceux qui savent ce qu'ils veulent, qui ont eu une vocation précoce, une vision créatrice ou un quelconque traumatisme les poussant à travailler dans relâche peuvent bien défiler sur les plateaux de télé. Quid des gens normaux ? D'après le grand psychologue Abraham Maslow : « It isn’t normal to know what we want. It is a rare and difficult psychological achievement ».

Pas le temps d'attendre


Sorti en 2005, le single « hung up » a connu un immense succès commercial. Le titre commence par « time goes by so slowly » répété en boucle avec le tic tac angoissant de l'horloge qui symbolise la peur de perdre son temps. Elle précise ensuite son mantra : « time goes by so slowly for those who wait ». A contrario : « Those who run seem to have all the fun ». On voit bien ici l'affrontement entre winners et loosers. D'un côté il y a ceux qui sont aux commandes de leur vie, qui conduisent vite et ne perdent pas de temps : les stars, les patrons, toute cette hyperclasse qui voyage rapidement dans le monde entier. De l'autre il y a ceux qui attendent, les passifs, les suiveurs, les victimes. On voit donc ici s'établir une classification sociale basée sur le temps, comme il en existe basée sur l'argent ou l'espace. Les personnes qui sont le plus occupées sont celles qui ont le plus de valeur, ce sont elles qui vont imposer leurs conditions aux autres. On peut même parler de compétition sociale directement entre individus, dans un couple par exemple. C'est dans ces termes que Madonna se plaint de son boyfriend : « Waiting for your call baby night and day, I'm fed up, I'm tired of waiting on you ». Cette situation est bien sûr intolérable pour une femme forte et indépendante telle que Madge...

Alors bien sûr on peut comprendre le combat féministe ; il ne devait pas être bien excitant pour une femme au foyer d'attendre le retour de son mari du bureau. Le problème c'est que ce culte d'un activisme effréné, cet âge du faire prend des proportions totalement incensées. Quand je sors de chez moi -j'habite dans une grande ville très dense- je me sens littéralement agressé par la quantité de gens qui courent en tout sens. Beaucoup sont obligés d'aller travailler mais un grand nombre se préoccupe également beaucoup de loisirs et d'un prétendu épanouissement. En réalité la pression sociale est de plus en plus forte. Les gens demandent sans arrêt : « qu'est-ce que tu fais... ? », « t'es où ? », « tu fais quoi dans la vie/pendant les vacances ? » et même « c'est quoi ta passion ? ». Cela devient une obligation. Nous sommes sommés de nous activer. Marche ou crève (d'ennui). Work hard play hard ou, comme le disait une jeune amie américaine sleep when you die.

mercredi 21 décembre 2016

Critique : Ben Dupré - Juste assez d'idées politiques pour briller en société (2011)



http://www.babelio.com/livres/Dupre-Juste-assez-didees-politiques-pour-briller-en-soc/267593#critiques



Je n'ai jamais vu autant de coquilles, fautes de français ou erreurs de traduction dans un livre. Tout ces problèmes viennent probablement de la traduction. En fait j'aurais dû lire la version originale anglaise. Passons sur ces problèmes techniques. C'est dommage car sinon c'est plutôt pas mal. C'est assez bien structuré déjà ce qui permet de lire dans le désordre. Moi par exemple c'est la partie idéologie qui m'a le plus intéressé ; celle avec tous les ismes tels que capitalisme, socialisme, multiculturalisme ou islamisme. Il y a 50 sujets en tout, 50 grandes idées politiques vraiment indispensables donc. Du coup j'ai tout lu même si c'était pas forcément prévu au départ. On se dit en effet qu'on ne peut pas passer à côté de sujets comme la mondialisation, l'état, les médias, la liberté ou encore le politiquement correct. Ca fait vraiment du bien d'aborder ces sujets qu'on évoque sans arrêt mais sans bien connaître leurs signification. Chaque fiche s'étale sur 2 double-pages avec un texte plutôt bien écrit qui présente les concepts, quelques définitions courtes et puis pas mal de repères bibliographiques et des citations des grands de ce monde. Les textes suivent souvent un fil chronologique et racontent bien l'histoire de ces notions. C'est très intéressant mais pas forcément aussi vulgarisé qu'on aurait pu le croire. Les phrases sont parfois longues et alambiquées, il faut parfois relire pour comprendre ce que veux dire l'auteur. Mon avis est donc partagé, c'est pas toujours très clair mais il y a beaucoup de positif. J'ai beaucoup aimé « l'idée en une phrase », la mini-chronologie et les encadrés. Comme j'ai bien aimé le format, je jetterais sûrement un œil aux autres itérations de cette collection.

jeudi 15 décembre 2016

Critique : Politique en 30 secondes (2011)


http://www.babelio.com/livres/Steven-L-Taylor-Politique-en-30-secondes/294331



Comme beaucoup de français, je m'intéresse à la politique. J'avais commencé par « la politique pour les nuls » et j'avais été extrêmement déçu. Il s'agissait plus d'une sorte d'essai bavard portant principalement sur la france et sa 5e république. Ce que je cherchais moi c'était une présentation succintes des principales idéologies et types de gouvernements. J'ai enfin trouvé mon bonheur grâce à la collection « en 30 secondes » !

Contrairement aux gros pavés pour les nuls, ici c'est vraiment synthétique puisqu'il s'agit de fiches. Ces dernières sont réparties en plusieurs parties. Le plan de ce « politique en 30 secondes » reprend en partie la classification d'Aristote avec « le gouvernement d'une minorité » et « le gouvernement de la majorité ». Les autres chapitres concernent la démocratie, le communisme, l'économie politique et la géopolitique. Il y a aussi une partie au début appelée les essentiels qui présente les notions les plus importantes. Chacune de ces parties commence par un petit glossaire avec des termes comme par exemple : prolétariat, droit divin, économie mixte, prérogative, hégémonie culturelle ou encore protectionnisme. Chaque section a également droit à sa biographie d'une personnalité plus ou moins connue : Marx, Montesquieu ou Ayn Rand. Venons-en aux fiches maintenant. Elles tiennent sur une seule page. Il y a le texte principal, très court (théorie en 30 secondes), puis son résumé en une seule phrase (condensé en 3 secondes) et enfin un texte encore très court mais qui présente les critiques et pose des questions qui vont feront réfléchir (réflexion en 3 minutes). Ca donne vraiment envie d'en savoir plus, du coup moi j'ai completé avec un autre bouquin ainsi qu'avec des petites recherches et vidéos sur le net. J'ai beaucoup aimé les mini-biographies aussi : quelques mots pour présenter des grands hommes. Example : noam chomsky (1928- ) : linguiste, activiste politique et partisan de l'anarcho-syndicalisme. Il y a aussi des liens et ça c'est super quand on utilise la version ebook. C'est vraiment bien foutu et tout ça tient sur une seule page ! Par contre en face il y a une illustration et alors là c'est la cata : c'est ultra moche et ça n'apprend pas grand chose. C'est vraiment pas clair, à la limite ça embrouille plus qu'autre chose. Au début on essaie de déchiffrer et puis on laisse tomber. Ca aurait pû être tellement bien, quel gachis ! Surtout moi qui suit très visuel j'aurais adoré des shémas avec des flèches et tout...

Ce qui est sûr c'est que cette collection « en 30 secondes » reste une bonne découverte. C'est vraiment ce que je recherche : des fiches claires et synthétiques pour aborder une discipline. Je lirais sûrement : Anatomie, Psychologie, Philosophies, Cerveau, Théories économiques... et tout ça en 30 secondes !

mardi 15 novembre 2016

Critique : Bernard Stiegler - L'emploi est mort, vive le travail ! (2015)

http://www.babelio.com/livres/Stiegler-Lemploi-est-mort-vive-le-travail-/722008



La question de la technique est une notion philosophique fondamentale. La technologie change tout et peut-être que certains sous-estiment sa puissance disruptive. Il faut dire que c'est compliqué, c'est très technique justement les ordinateurs et tout ça. Et puis la philo de Stiegler est plutôt de haut niveau alors accrochez-vous car le monsieur n'est pas facile à suivre. Il fait des phrases longues bourrées de digressions et de notions compliquées mais fascinantes. En voici un petit échantillon à titre d'exemple : populisme industriel, pharmakon, capacitation, gouvernementalité algorithmique et pour finir le grand projet du penseur : la neganthropologie ! Tout un programme. Heureusement on peut essayer d'y voir plus clair en organisant certaines notions en dualismes tels que : emploi/travail, jetable/durable, économie des pulsions / économie contributive, pouvoir d'achat / savoir d'achat... D'autres termes ont aussi leur antonyme comme (dé)prolétariser, (dés)automatiser, (neg)entropie ou (dés)individuation.

Heureusement le livre est court (116 pages) et le titre en résume bien la thèse. La distinction entre emploi et travail est simple : l'emploi c'est le travail rémunéré. Mais Stiegler va beaucoup plus loin avec une définition très critique de l'emploi qui appauvri et décervelle car répétitif et monotone. A contrario, le travail dont Stiegler fait ici l'éloge, c'est le travail intellectuel ou artistique, qui permet de se réaliser et de contribuer à la société. L'auteur propose ainsi un revenu de contribution pour ceux qui écrivent des pages wikipédia ou programment des logiciels libres par exemple (à condition qu'ils « fassent leurs heures » à l'instar des intermittents du spectacle). C'est bien beau pour les bobos-intellos qui veulent changer le monde mais je ne pense pas que ça puisse véritablement se généraliser. Beaucoup de gens auront sûrement du mal à sortir de leurs pulsions consuméristes et resteront probablement devant télévision, jeux vidéos et autres loisirs plus ou moins abrutissants. Ils y trouveront néanmoins un cadre, une répétition ou encore une hiérarchie qu'il est facile de critiquer mais qui semble être une nécessité psychologique pour de nombreuses personnes. Ces gens se contenteront donc du revenu d'existence car ils n'auront pas forcément les capacités ou l'envie de « faire quelque chose de leur vie ». C'est donc une société à deux vitesses qui se profile à l'horizon, une société clivée avec d'un côté ceux qui contribuent utilement et de l'autre ceux qui ne font que consommer.

mardi 8 novembre 2016

Critique : Régis Debray - Eloge des frontières (2010)

http://www.babelio.com/livres/Debray-Eloge-des-frontieres/223508


J'aime bien les éloges, celui-ci est un pamphlet court (une centaine de pages) et surtout hyper stylisé. Régis Debray maîtrise tellement la langue (pas seulement française) qu'il joue avec les mots : leurs étymologies, leurs sonorités, leurs sens. L'auteur a énormément de culture mais au lieu de l'étaler, il la concentre. Le texte est donc dense mais dans le bon sens du terme. C'est comme un plat de grand chef : peu de quantité mais beaucoup de créativité. Alors souvent on est un peu paumé et on a du mal à suivre. Régis n'est pas un con, bien au contraire. On dit des gens qui parlent vite qu'ils sont intelligents. On pourrait dire de Régis Debray qu'il écrit vite, et avec quelle maestria ! Son essai est cependant peu structuré et surtout inégal. Je n'ai pas compris grand chose au 4e chapitre, le 5e et dernier est par contre est excellent. Il résume bien la pensée de l'auteur. Celle-ci suit souvent un rythme binaire fait de couples d'opposition interdépendants tels le yin/yang. Séparés à l'écrit par un slash, une frontière, mais qui en fait permet des échanges car il y a évidemment du yin dans le yang et inversement.

Ce livre est donc un éloge des frontières mais aussi du sacré, des protections et limites. Ça peut paraître un peu réac et ça l'est ! C'est une réaction saine, épidermique (il est beaucoup question de la peau) contre une injonction à toujours plus d'ouverture. Il s'agit également d'une critique érudite du sans-frontiérisme, du libre-échangisme, du mondialisme, de l'accélération du temps et de l'uniformisation de la culture. Vraiment un livre à lire donc pour comprendre cette réaction au libéralisme dont beaucoup souhaitent aujourd'hui se libérer. Grâce aux fondements biologiques et psychologiques, qui auraient gagnés à être plus développés, on saisit ainsi mieux la retour du nationalisme et la demande de protectionnisme. Reste à trouver le juste milieu entre ouverture et fermeture. C'est à ça que servent les frontières.

dimanche 6 novembre 2016

Débat entre NKM et Eric Sadin sur la "siliconisation du monde"



11:18 : Excellent débat sur la "silicolonisation du monde". Je pense qu'il
faut essayer de distinguer production et consommation. En matière de
production je suis pour l'automatisation, surtout en ce qui concerne les
tâches répétitives et monotones. Il faut en effet absolumment éviter ce
drame des "robots de chair" dont parle Eric Sadin...
En matière de consommation il faut quand même protéger le consommateur
en lui laissant le choix d'utiliser ou non cookies, adblockers et autres
publicités ciblées. Nos informations nous appartiennent ! Il faut
protéger la vie privée tout en permettant à ceux qui le souhaitent
d'échanger leurs données contre des services ou réductions tarifaires.
A ce propos, méditons les propos de l'historien Yuval Harari qui parle
de nos datas comme de l'or du 21e siècle et que l'on échange contre des
vidéos de lolcats... Il fait la comparaison avec les indiens de
Manna-hata (devenu Manhattan) ayant vendu cette terre riche et fertile
contre quelques perles colorées... Ne faisons pas la même erreur, sinon
nous risquons de finir dans des réserves ou notre seule fonction sera
celle de consommateur.

mercredi 2 novembre 2016

Critique : Jean-Luc Mélenchon - L'ère du peuple (2014)



http://www.babelio.com/livres/Melenchon-LEre-du-peuple/651552


Tous les candidats à la présidentielle devraient faire ça : écrire un livre court (144 pages) et pas cher (3€) qui présente les grandes lignes de leur pensée politique. Grâce à un chapitrage thématique, jean-luc mélenchon montre clairement les grands bouleversements que connaît actuellement notre monde. Dans l'ordre : explosion démographique, changement climatique, fin de l'hégémonie américaine, accélération du temps, urbanisation croissante et révolution citoyenne. Avec en introduction un pamphlet anti-hollande et en conclusion une synthèse ainsi qu'une présentation succincte de l'écosocialisme. Les sujets s'enchaînent donc habilement et logiquement, on apprend des choses, comme par exemple que les quantités de poissons produits par l’aquaculture égalent désormais les quantités de poissons pêchés. Il est question de la mer qui semble être la grande idée de Mélenchon. On trouve aussi d'autres idées intéressantes comme la proposition chinoise d'une monnaie mondiale ou le droit de vote par action modulé en fonction de la durée de l'investissement. Le style est vif, percutant, quitte à prendre des libertés avec la syntaxe ou à tomber dans un lyrisme marxiste parfois inaccessible. Visez un peu : « La mutation de la multitude se faisant peuple s’opère à partir de ressorts concrets qui travaillent la pâte humaine de l’intérieur. ».

Passons, et revenons plutôt à la vision de l'auteur. Quel est donc son projet ? Il s'agit clairement d'un projet radical et même révolutionnaire visant à renverser l'ordre établi qu'il nomme globalitaire (global+totalitaire). Tout est remis en cause : capitalisme et productivisme, systèmes financiers et productifs, ordres institutionnels et juridiques, propriété et même une humanité « envoutée » par la publicité... Très fort donc pour pointer les problèmes, excès et absurdités du village global libéral, mais peu convaincant quand il s'agit de proposer des solutions concrètes. Si l'inscription de la règle verte dans la constitution semble être une bonne idée, on voit mal comment on pourrait décréter la solidarité et la coopération chez tout un chacun. A la décharge de « méluche », il n'essaie pas vraiment d'argumenter sur la faisabilité de son programme... pas le temps, son livre est déjà fini. Je ne crois pas que j'en lirai d'autres mais j'écouterai volontiers sa chaîne youtube par curiosité intellectuelle et parce que ça fait du bien de rêver à un monde meilleur.

lundi 24 octobre 2016

Critique : Lucy Vincent - Où est passé l'amour ? (2007)

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La nature a inventé la division du travail en inventant la reproduction sexuée ; les femmes sont chargées de la reproduction et les hommes de la survie. Quand les femmes sont enceintes elles sont vulnérables et ont besoin des ressources apportées par les hommes. L'amour, en nous rendant aveugle, nous permet de supporter l'autre afin de réaliser cet échange de bons procédés au moins le temps du développement de l'enfant. Ce modèle biologique a trouvé son prolongement dans le couple traditionnel où l'homme travaille et la femme reste au foyer. Et puis la pilule contraceptive a été inventée et a libéré les femmes qui se sont mises à travailler. C'est une révolution : les femmes n'ont plus besoin des hommes. A moins que ceux-ci ne se rendent utiles au foyer. On irait donc non seulement vers une égalité des sexes mais possiblement vers une inversion des rôles avec des femmes actives qui travaillent et des papas poule qui restent à la maison.

Cette évolution culturelle serait suivie de près par une évolution biologique rapide. Là je trouve que Lucy Vincent va vite en besogne, selon moi beaucoup d'hommes sont toujours machos et ne veulent pas pouponner et beaucoup de femmes restent uniquement attirées par des hommes virils. Cela dit le couple moderne a probablement beaucoup d'avenir dans un monde qui se féminise à grands pas. Si on va vers une baisse du dimorphisme sexuel, alors l'amour pourrait disparaître. En effet sa fonction est d'aider au rapprochement entre les hommes et les femmes et les rendant plus semblables. Ce rapprochement serait aujourd'hui assuré par la société, la modification des taux hormonaux, ainsi que par la sélection, la reproduction et l'éducation de ces nouveaux hommes et de ces nouvelles femmes. On sait ce qui nous reste à faire : s'adapter à cette nouvelle donne ou disparaître...