mardi 11 août 2020

Review: L'Évolution, question d'actualité ?

L'Évolution, question d'actualité ? L'Évolution, question d'actualité ? by Guillaume Lecointre
My rating: 2 of 5 stars

J'étais content de découvrir les éditions Quæ, crées par plusieurs instituts de recherche français. J'avais déjà repéré leurs ebooks en libre accès. Alors quand j'ai vu plusieurs de leurs ouvrages disponibles gratuitement sur SNCF e-livres, j'ai commencé à les parcourir. La collection "Enjeux sciences" a particulièrement attiré mon attention. Car nous vivons dans un monde complexe et j'ai besoin de me situer par rapport à de nombreux sujets de société, afin de pouvoir bien voter par exemple. Je suis plutôt écolo mais suis-je vraiment fondamentalement contre les OGM ou le nucléaire. Ou est-ce par peur ou manque de connaissances ? Alors de petits livres scientifiques d'une centaine de page, objectifs et pédagogiques, clair et concis, c'était exactement ce que je cherchais.

Pour moi l'évolution est une des choses (à mon avis plus qu'une théorie) les plus importantes à connaître. Le problème c'est que c'est très compliqué ! Et pas toujours très bien expliqué, comme dans ce livre de Guillaume Lecointre. Un auteur qui a le sens de la formule et l'habitude de s'exprimer à l'oral lors de conférences : c'était pourtant bien parti. Mais ça dévie ensuite trop souvent vers des débats de spécialistes, avec des mots compliqués et des considérations politiques. Disons-le clairement : l'auteur est de gauche, très à gauche même. Il a été chroniqueur à Charlie Hebdo, défend la laïcité, le rationnalisme scientifique et lutte contre le créationnisme. Ces combats je les partage avec lui. Par contre je le trouve carrément antispéciste. Et là je trouve qu'on va trop loin dans la déconstruction. Les notions d'individu ou d'espèce se voient ainsi relativisées. La classification à l'ancienne, critiquée. Mais quand on s'attaque au progrès ou en tout cas à la complexification croissante en arguant que tout se vaut, que nous sommes tous liés dans une belle biodiversité, faite d'autant de coopération que de compétition, alors là je dis stop. C'est après cette première partie (moitié du livre) que j'ai arrêté de lire. Ma vision du vivant est tout autre.

Il me semble que ce que l'auteur se refuse à faire : diviser, distinguer, trancher ; la nature, elle, n'a aucun problème à le faire. Lors des interactions et relations entre individus et espèces, il y a souvent un dominant et un dominé (au sein d'une même espèce), un qui mange, manipule ou contrôle l'autre. En bref un winner et un looser. Et il y un critère très simple, ce critère c'est tout simplement le nombre de descendants qu'a un individu. Et au niveau d'une espèce c'est le nombre d'individus. Homo Sapiens en compte des milliards et envisage même de coloniser d'autres planètes afin de poursuivre son expansion et par là même celle du vivant dans son ensemble. C'est peut-être là que nous pouvons nous mettre d'accord avec Guillaume Lecointre. Nous n'allons pas réaliser ça tout seuls. Nous avons besoin des bactéries pour nos biotechnologies comme nous avons besoin des animaux pour le travail, la recherche ou la compagnie. Je ne dis pas que certaines espèces sont moralement meilleures que d'autres mais force est de constater que certaines sont plus utiles. Certaines aptitudes également, comme l'intelligence. L'intelligence humaine en particulier est un outil très puissant, capable de beaucoup de destruction mais aussi la seule chose sur Terre qui pourrait permettre de continuer la grande aventure du vivant : l'expansion. Car les espèces ont besoin d'espace.


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mercredi 1 juillet 2020

Critique : Esther Benbassa (dir.) - Violences sexistes et sexuelles en politique (2018)

L'homme est un animal politique, un singe qui aime faire le malin, surtout dans les pays latins. Nous sommes probablement également ce que les éthologues appellent une espèce tournoi, surtout dans l'arène politique. On aime se battre et monter à la tribune, alors forcément il y a des combats de coq et même des concours de bite. Mais il ne faudrait pas confondre culture virile et viol. Je ne crois pas qu'il y ait une "culture du viol" à l'assemblée nationale par exemple. On a sans doute plutôt à faire à de vieux pervers libidineux. La première réponse appropriée me semble être d'apprendre à se défendre. Verbalement tout d'abord car c'est primordial d'avoir de la répartie. Ainsi quand un collègue dit à une des autrices : “Petite, tu as un cul qui attire la main”, elle lui répond aussi sec : “Toi, c’est ta gueule qui attire la main”. Et comme ça c'est lui qui perd la face, pas elle. On pourrait aussi apprendre quelques principes de self défense. Simplement être vigilant, ne pas boire trop d'alcool et essayer de garder un peu ses distances (pas évident dans un monde politique si tactile). Cela vaut pour tout le monde, en toutes circonstances. On n'est jamais à l'abri d'une agression. Mieux vaut prévenir que guérir. Et apprendre à se défendre plutôt que de compter sur une hypothétique défense légale.


Le problème c'est que si la justice ne peut pas faire son travail, par manque de preuves principalement, alors la justice médiatique et la vindicte populaire prendront sa place. La boîte de pandore de la suspicion, de la dénonciation et de la calomnie s'ouvrira. Nous pourrions assister à un véritablement déferlement, une vague féminhystérique qu'il conviendrait de canaliser plutôt que d'encourager. Une des autrices préconise que : "lorsqu’une personne politique est accusée de harcèlement, soit elle démissionne, soit elle se met en retrait, sans qu’il y ait besoin d’insister ou de tergiverser." Je trouve qu'il y a là, au mieux, un inquiétant principe de précaution. Au pire, une justice préventive, un glissement dangereux de la présomption d'innocence à la présomption de culpabilité. Dangereux et inutile, car s'il fallait autrefois, tenir son rang, sa parole ou son silence, aujourd'hui on ne tient plus en place. Il fallait se tenir, il faut se lâcher. Nous sommes passés du refoulement au défoulement.


En faisant régner la peur de la dénonciation, certaines féministes voudraient remplacer l'omerta (le silence des victimes) par l'(auto)censure (interdire la drague lourde). C'est de bonne guerre me direz-vous. Cette propagande idéologique commence avec ce slogan : "le privé est politique". Personnellement, je pense qu'il ne faut pas tout dévoiler, médiatiser, politiser. Certaines choses doivent pouvoir rester privé, comme des pratiques ou des mots échangés librement entre adultes consentants, responsables et parés à toute éventualité. Il n'est pas judicieux de tout judiciariser, remplacer l'envie de pénis par l'envie de pénal, la bataille des sexes par la bataille juridique. Sinon la guerre des sexes qui était une guerre froide, deviendra une guerre ouverte.


Qui dit guerre dit victime, et être une victime donne droit à l'empathie ainsi qu'à des réparations. Je peux donc comprendre l'attrait immédiat de cette position, mais ce n'est pas vivable sur la durée. Certes la vie est une jungle, avec des proies et des prédateurs. Mais c'est justement pour ça qu'il faut se battre, se préparer à ces situations à risque, et ainsi peut-être éviter de se faire (sur)prendre. J'ai trop de respect pour le combat féministe pour me réjouir de le voir devenir une course au statut de victime.