Olivier Rey, L'idolâtrie de la vie, Gallimard, coll. « Tracts », juin 2020, 64p, 3.49€
Ce qu'il y a de bien avec Olivier Rey c'est qu'il assume clairement être conservateur et réactionnaire1. En lisant le premier chapitre («Quand il y avait des famines») j'ai eu l'impression qu'il était également malthusien. Il faut dire qu'il y avait par le passé un certain équilibre. Cet équilibre a été rompu par la révolution industrielle. C'est la civilisation technologique qui a alors émergé qui est critiquée par l'auteur. La devise de cette civilisation, la nôtre, pourrait être Toujours plus !. En démocratie, ces moyens supplémentaires mais jamais suffisants sont sans cesse réclamés par les citoyens, souvent en colère ; peuple enfant-roi qui réclame son argent-doudou à son état-nounou. Ce qui est demandé à corps et à cris c'est davantage de standardisation, de technologisation, de médicalisation. On assiste à un véritable excès de zèle - vital, moral ou médical, on ne fait plus bien la différence. Je vais me faire l'avocat du diable : à la limite quel est le problème si on a les moyens de cette "extension sans limite", de cette chère surenchère ? «Les riches paieront» (titre du cinquième chapitre) ! Et bien le problème c'est justement qu'il y a une limite* : "les plus graves dangers auxquels l’humanité dans son ensemble est exposée au XXIe siècle ne tiennent pas à une insuffisance de moyens d’action mais, au contraire, à des actions trop importantes en regard de ce que la nature est en mesure de supporter." Mais attention, Olivier Rey ne se contente pas de condamner la modernité. Il prône le retour à une vie plus simple où "il nous faudrait réapprendre, collectivement et individuellement, à compter sur nous-mêmes". Et donc à arrêter de tout attendre de l'état. Ce n'est pas un éloge du repli sur soi ou du small is beautiful mais du bien proportionné, du à taille humaine. Cette sagesse de la modération est un travail très philosophique, même si pour atteindre cet objectif, l'auteur est parfois excessif. Peut-être est-ce en explorant les extrêmes qu'on peut espérer trouver un juste milieu.
Tom Otium